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16/09/2010

Jean- François Leroy - “d’une chose, l’autre” 18.09 - 31.10.10 @ Galerie Bertrand Grimont

Vernissage samedi 18 septembre de 18h à 21h

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“Toute pièce exposée ici est inédite – comme on dit, œuvre récente -, mais pour autant pas nouvelle. L’avertissement frise l’absurde, mais c’est bien autour de cet inéluctable attendu de nouveauté, et du paradoxe qu’il peut y avoir à croire que ce qui est neuf est aussi nécessairement original, que Jean-françois Leroy a travaillé cet accrochage. Reprenons. L’installation Module/étagère est devenue Etagère modulée. Retravaillée, la pièce n’évoque plus en rien la référence initiale à une table, mais moque toujours cette méprise quant à sa valeur d’usage : entièrement démantelée et réorganisée maintenant sous forme d’étagère d’exposition, sur laquelle s’empilent en bon ordre le reste des composants de la version précédente, à disposition, l’utilisation de matériaux bruts comme une invite à reprendre le jeu de construction. 

Jean-François Leroy considère ses réalisations comme autant de matières premières, en tout cas encore utilisables, convertibles, commuables. Des états, dans ce sens qu’on donne aux épreuves qui précèdent la forme que la reproduction va figer, ou plus justement ce moment in progress où l’œuvre n’est qu’un exemple donné d’un vaste éventail de possibles. Car il n’est pas, ici, question de corriger ni d’améliorer ; au contraire, ces transformations successives sonnent comme autant de coup bas à la prétention d’un état définitif. Chaque fois, Jean-François Leroy insiste délibérément sur la dénaturation de la pièce antérieure, juste ce qu’il faut pour que la modification déconstruise la lignée. Cela peut se traduire par des variations de médium – Fond, une photographie couleur à l’échelle 1, recouvrant tout un pan de mur, remplace in situ le store vrillé. C’est aussi ces jeux de combinatoire, ou de fragmentation - une ancienne installation est redistribuée en trois pièces séparées, D’une chose l’autre, Pied, Fenêtre désormais autonomes, chacune réagencée. D’une chose, l’autre, c’est exactement cela : un potentiel infini de correspondances et de déviations, pour mieux perdre de vue ces points limites que sont le modèle et l’idéal. 

Remanier, en continu. Jean-François Leroy souligne le caractère évolutif de ses productions. Et cela renforce d’autant cette impression très organique que procure cette façon si particulière de systématiquement ménager des articulations improbables aux objets. Pour gagner en mouvement, pour rompre toute unité, toute continuité : déconstruire, pour contrarier toute stabilité. Somme toute, cette façon de l’œuvre en cours est très proche de l’idée biologique d’un engendrement, comme puissance de génération de signe et de sens. A chaque reprise, une nouvelle donne, bouleversant la précédente. D’une chose, l’autre : Un rectangle de moquette, auparavant utilisé comme tapis de sol, s’érige maintenant en totem - et entre-deux, le basculement vient chambarder l’extraordinaire entêtement que montrent les choses à demeurer en leur état. 

Le travail de Jean-François Leroy a cette grande qualité de déjouer la mauvaise habitude qui, en art, consiste à toujours traquer la polarité, c’est-à-dire à vouloir désigner un Plus et un Moins, à réduire toutes relations à des oppositions binaires, et par là obliger à la hiérarchisation. Ici, ni « haut » ni « bas », mais au contraire, dans la transformation, un continuel déclassement des matériaux, des usages, et conséquemment des systèmes de représentation. Et bien sûr, puisqu’on ne peut dire d’aucune des œuvres montrées ici qu’elle est achevée, cet ultime jeu d’avec la valeur marchande : car seule l’acquisition d’une pièce pourrait garantir que sa forme, encore temporaire, devienne fixe.”

Marion Delage de Luget


nb) English version further down






visuels / visuals courtesy galerie Bertrand Grimont

"Of one thing, the other

Any piece shown here is novel, a recent work as they say, but at the same time it's not new. This warning borders on the absurd, but it's truly around the overpowering expectation of novelty and the paradoxical belief that what is new is necessarily original, that Jean-François Leroy has worked towards this exhibition. Resuming, the Module / Shelf has become XXX, reworked as it is now, the piece does not evoke anything from the initial reference to a table, but still mocks the mistake about it's use value: it is now entirely dismantled and reorganized as an exhibition shelf on which are orderly stacked the available remaining components of the previous version. The use of raw materials extracted from yards sounds now as an invitation to resume the construction game.

Jean-François Leroy considers its pieces as much raw materials, in any case still usable, convertible, commutable. They are states, in the sense that we give to the trials that precede the form that the reproduction will freeze, or, more precisely, this moment in progress when the artwork is a given sample of a wide range of possibilities. Since there is no question here of amendment or improvement, on the contrary, these successive transformations sound as low blows to the claim of a final state. Each time, Jean-François Leroy deliberately insists on the denaturation of the earlier piece, just enough so that the modification deconstructs the lineage. This may result in medium variations - XXX, a  scale 1 color photograph covering an entire wall section, replaces the warped venetian blind 'in situ'. It is also these combinatory or fragmenting games - an older installation is redistributed into three separated pieces, X, X and X, now autonomous, each rearranged. On one thing, the other, it's precisely that: an infinite potential of connections and deviations, to better lose sight of these endpoints that are the model and the ideal.

To overhaul, continuously. Jean-François Leroy emphasizes the evolutive trend of its productions and this reinforces the very organic feel that this specific method of systematically arrange unlikely articulations for objects brings. In order to gain in motion, in order to break any unity, any continuity: deconstructing to undermine any stability. Overall, this work in progress approach is very close to the biological notion of the generative, here it is a power generation of sign and meaning. To each new retake, a new deal upsetting the previous one. XXX: A carpet rectangle, formerly used as a floor mat, stands as a totem now - and in between, the tilting brings trouble to the extraordinary stubbornness of things to remain in their state.

Jean-François Leroy's work has this great quality to thwart the bad habit that, in art, is to always track polarity, that is to say, to nominate a Plus and Minus, in order to reduce all relations to binary oppositions, and thus compel towards hierarchy. Here, neither "high" or "low", but rather, in the processing, a continual downgrading of materials, of uses, and therefore, of the systems of representation. And of course, since we cannot say that any of the works shown here has been completed, a final gameplay with the market value:  for only the acquisition of a piece could guarantee that its form, from ephemeral, becomes fixed."






Marion Delage de Luget
(translation Samy da Silva)
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rappel / reminder: 
Jean- François Leroy - d’une chose, l’autre - Vernissage samedi 18 septembre de 18h à 21h

47 rue de Montmorency 75003 Paris

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