“Mais le choc de la soirée vint de la découverte d'un petit film signé Jean-Luc Godard réalisé pour l'occasion. Sur un écran noir se succèdent les titres des plus célèbres articles de Rohmer dans les Cahiers. En voix off, Godard évoque des images sorties des limbes : deux jeunes amis, parlant ensemble dans la nuit ; les mêmes dans la cuisine de la mère de l'un, leur préparant à manger, débattant encore de films... Rarement on avait entendu Godard parler de choses si personnelles, très simples et très nues. Le film se clôt sur un plan furtif du cinéaste, un peu hagard face à sa webcam. Déjà il a disparu. On aimerait le retenir. On aimerait les retenir tous les deux.”
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Soirée en hommage à Eric Rohmer, le 08.02.10 @ la Cinémathèque française, vidéos
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“Quand la mort de l'ami arrive, il ne vit plus qu'en nous, entre nous. En lui-même, il n'est plus rien. Mais sommes-nous jamais nous-mêmes, identiques à nous? Avant même la possibilité du deuil, n'y a-t-il pas en nous une possibilité d'allégorie ou de prosopopée ( = "figure de style qui consiste à faire parler un mort, un animal, une chose personnifiée, une abstraction")? Même avant la mort, quand elle n'est pas arrivée effectivement, du simple fait que nous nous sachions mortels, notre rapport aux autres porte une signature de mémoire d'outre-tombe. L'autre est déjà en nous, avec ses signes testamentaires et autobiographiques. La mémoire vient de l'autre, elle y revient, elle fait venir le futur.
La vérité et la lucidité supposent toujours le deuil, et pourtant il ne saurait intervenir. Aucun épitaphe ou signe ne pourra remplacer l'autre dont nous avons l'expérience dès la première trace, "avant" même la perception. Aucune rhétorique, aucune figure du langage ne peut nier l'impossibilité du deuil.”
Jacques Derrida, Mémoires pour Paul de Man, p.49-50, Galilée, 1988,
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DERRIDA (LE DEUIL)
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