“Infected Landscapes”: “Mur de défense anti-tirs, quartier de Gilo, Jérusalem, 2004”
image © Shai Kremer, courtesy Galerie Les Filles du Calvaire
in doc. remis lors de la visite de l’expo. & site.
“La galerie est heureuse de présenter la première exposition personnelle de Shai Kremer en France. A travers les deux séries présentées, Infected Landscape et Fallen Empires, il dresse un portrait métaphorique de la transformation du paysage israélien par des années, des décennies voir des siècles de passages successifs de civilisations.
Né en 1974 et élevé à Kibboutz Gaash (Israël), Shai Kremer a commencé son travail photographique en 1999, lorsqu’il était encore étudiant à Tel Aviv, et l’a poursuivi en obtenant son Master in Fine Arts à la School of Visual Art de New York. Depuis, il a réalisé des centaines de photographies de paysage qui ont pour cadre Israël et actuellement New York où il réside.
Dans ses photographies de la série Infected Landscape, « certains endroits sont aisément identifiables comme les zones d’entraînement militaires tels que « Chicago », sorte de ville fictive qui a servi pendant de nombreuses années de camp d’entraînement pour les troupes israéliennes. D’autres sont plus ambigus. Seuls les titres permettent de localiser géographiquement et politiquement les lieux. Certaines photographies semblent, au premier abord, représenter des endroits bucoliques et champêtres comme ses petites collines recouvertes d’une végétation luxuriante qui s’avèrent être, à la lecture du titre, une barrière de tank dans les hauteurs du Golan. »
Dans sa série Fallen Empires, Shai Kremer montre comment l’Histoire façonne et modifie un paysage, comment les différentes strates historiques, les différentes périodes d’occupation d’un lieu, par différentes civilisations (des égyptiens au israéliens) le marque de manière permanente.
Pour décrire la complexité des changements survenus dans le paysage Israélien, Shai Kremer préfère garder une certaine distance. Loin de montrer le territoire israélien par le même prisme que les journaux télévisés, le sujet est abordé de manière plus subtile. Il considère qu’il n’est pas nécessaire de choquer pour créer un impact. Il préfère inviter le spectateur à penser, à analyser et voit le paysage comme une plate-forme amenant à la discussion. Par ses photographies, Shai Kremer révèle comment chaque parcelle de terre est maintenant « infectée » par les traces et sédiments du conflit actuel. L’accumulation de ruines et de réminiscence de constructions militaires sont une partie importante de ce qui définit aujourd’hui le paysage israélien.
« Mes photographies montrent l’empreinte menaçante et omniprésente de l’armée sur le paysage israélien, et par effet de miroir, cette même empreinte sur la société israélienne. L’esthétique des images, leurs compositions ordonnées imitent les mécanismes de défense des citoyens israéliens essayant coûte que coûte de tendre vers une vie « normale ». Les cicatrices cachées du paysage correspondent aux blessures de l’inconscient collectif du pays. Le paysage, infecté par l’accumulation des sédiments déposés par un conflit sans fin, devient une plate-forme de discussion. » Shai Kremer”
(nos emphases)
“Fallen Empires”:”Aire de Stockage de munitions et d’équipements construite par les Etats Unis, près de Nashonim, Isrël, 2005”,
image © Shai Kremer, courtesy Galerie Les Filles du Calvaire
in doc. remis idem
avec gratitude pour la qualité de l’accueil
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@ Blog Culturel, @ Art Slant (diaporama), @ Art Catalyse,...
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“...On peut se risquer à transposer au langage ce qui vaut pour l’histoire, dans la mesure où l’on isole pour terme de comparaison et critère d’évaluation une conception d’arrière-plan de ce qui peut leur être commun, c’est-à-dire une conception du temps où reparaît l’alternative évoquée dès le début : ou bien le temps est dissocié de l’histoire pour en être l’origine et la fin d’ores et déjà arrêtées ; ou bien le temps est lié à l’histoire (sans s’y confondre), et il est alors possible d’articuler un champ d’expériences (une tradition) et un horizon d’attentes (une promesse, par exemple, ou un projet). Transposée au langage, cette alternative prend la forme suivante : soit la source du sens est antérieure et supérieure à tout langage possible, et donc aussi à toute langue, et sa manifestation plénière implique la rupture ou la mort des langues ; soit le sens est produit par des langues et ce qu’il est comme ce qu’il signifie n’est pas encore défini. Dans le premier cas, il s’agit de retrouver les traces du sens dans le langage en général, les langues et les œuvres plus particulièrement – le commentaire ayant alors pour finalité en quelque sorte une techouvah du sens dont la plénitude est historiquement aliénée en autant de traces –, le sens étant d’emblée un événement extra-historique même s’il fonde toute l’histoire ; dans le second, il s’agit autant de prolonger une tradition que d’innover par rapport à ce qu’elle lègue, et le commentaire n’est plus investi d’une fonction sotériologique, mais cherche à restituer à une parole sa singularité, donc à montrer comment les traditions se forment et se transforment ; le sens est, dans l’histoire, un événement historique même si les modalités de son élaboration peuvent être transhistoriques, référées à une réflexivité innovante, humaine, artistique et intellectuelle. ...”
(nos emphases)
in Messianisme et philologie du langage par Marc de Launay, @ Walter Benjamin, le critique européen Atelier de recherches: http://www.walter-benjamin.fr/articles.htm