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16/05/2010

generic, flux: “Les mains négatives” de / by Marguerite Duras, 1978

source image



“le texte dit par Marguerite Duras interprète comme un appel les traces des mains peintes il y a trente mille ans sur les parois de certaines grottes du nord-ouest de l'Espagne. Le texte est tantôt à la troisième personne ("L'homme est venu seul dans la grotte, face à l'océan"), tantôt à la première ("Je suis quelqu'un, je suis celui qui appelait, qui criait dans cette lumière blanche"). L'image est constituée d'une série de longs travellings fluides dans Paris quasi-désert - en gros: de la place de la Bastille aux Champs-Élysées, via les grands boulevards (où l'on apreçoit, devant le Rex, un groupe de balayeurs) et l'Opéra. Au début, il fait encore nuit, puis c'est le petit matin.”


credit: Iconographe @ dailymotion


le film @ La Vidéothèque


une contribution de

Chloe Dragna @ La Vidéothèque, partenaire generic


liens / links:


Chloe Dragna @ generic


generic, flux: Chloe Dragna, vidéothécaire, "honorable correspondante" generic: film, vidéo & idées


&


"Devant l'océan

sous la falaise

sur la paroi de granit


ces mains


ouvertes


Bleues

Et noires


Du bleu de l'eau

Du noir de la nuit


L'homme est venu seul dans la grotte

face à l'océan

Toutes les mains ont la même taille

il était seul


L'homme seul dans la grotte a regardé

dans le bruit

dans le bruit de la mer

l'immensité des choses


Et il a crié


Toi qui est nommée toi qui est douée d'identité je t'aime


Ces mains

du bleu de l'eau

du noir du ciel


Plates


Posées écartelées sur le granit gris


Pour que quelqu'un les ait vues


Je suis celui qui appelle

Je suis celui qui appelait qui criait il y a trente mille ans


Je t'aime


Je crie que je veux t'aimer, je t'aime


J'aimerai quiconque entendra que je crie


Sur la terre vide resteront ces mains sur la paroi de granit face au fracas de l'océan


Insoutenable


Personne n'entendra plus


Ne verra


Trente mille ans

Ces mains-là, noires


La réfraction de la lumière fait frémir la paroi de pierre


Je suis quelqu'un je suis celui qui appelait qui criait dans cette lumière blanche


Le désir


le mot n'est pas encore inventé


Il a regardé l'immensité des choses dans le fracas des vagues, l'immensité de sa force


et puis il a crié


Au-dessus de lui les forêts d'Europe,

sans fin


Il se tient au centre de la pierre

des couloirs

des voies de pierre

de toutes parts


Toi qui est nommée toi qui es douée d'identité je t'aime d'un amour indéfini


Il fallait descendre la falaise

vaincre la peur

Le vent souffle du continent il repousse l'océan

Les vagues luttent contre le vent

Elles avancent

ralenties par sa force

et patiemment parviennent

à la paroi


Tout s'écrase


Je t'aime plus loin que toi

J'aimerai quiconque entendra que je crie que je t'aime


Trente mille ans


J'appelle


J'appelle celui qui me répondra


Je veux t'aimer je t'aime


Depuis trente mille ans je crie devant la mer le spectre blanc


Je suis celui qui criait qu'il t'aimait, toi"


Marguerite DURAS


source nussoumelok

@ Le blog de Dominique Autié,



@ paperblog, @ bloog.org

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