courtesy: artist/e @ Galerie Anne de Villepoix
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"Dans l'antiquité grecque, le Noûs, Nous, ou encore Noos, est l'esprit, la partie la plus haute, la plus divine de l'âme. Pour Platon, Noûs signifie le plus souvent l'intelligence .
Dans Phèdre, Platon compare l'âme à un attelage ailé, avec comme cocher la raison, l'esprit, l'intelligence, ("noûs"), comme cheval obéissant, la volonté, le coeur, ("thumos") et comme cheval rétif, les désirs, le "ventre", ("épithumia").
Plus loin, il écrit : « L'Essence (qui possède l'existence réelle), celle qui est sans couleur, sans forme et impalpable ; celle qui ne peut être contemplée que par le seul guide de l'âme, (le noûs) l'intelligence ; celle qui est la source du savoir véritable, réside en cet endroit. Pareille à la pensée de Dieu qui se nourrit d'intelligence et de science absolue, la pensée de toute âme, cherchant à recevoir l'aliment qui lui convient, se réjouit de revoir après un certain temps l'Être en soi, se nourrit et se rend bienheureuse en contemplant la vérité, ...1 ».
1 Phèdre, 247, traduction P.Renacle (traduction récente), ou p247, édition La Pléiade, traduction"
& immersion version "panoptique" / 'panoptic-on version:
ou version "linéaire" / or 'linear' version:
"I. Pron. pers. de la 1re pers. du plur.
A. Valeurs sém. [Le locuteur est le terme constant de l'addition de la première personne et d'une autre ou d'autres personnes; la ou les personnes qu'il associe à lui sont, dans son esprit, déterminées individuellement ou collectivement; elles ne sont pas nécessairement présentes, mais toutes sont concernées au même titre que le locuteur lui-même]
1. [Désigne le locuteur associé à une ou à plusieurs autres pers., dans un groupe restreint]
a) [Nous = je + tu (ou + vous de politesse), toi et moi]
[Le tu est déterminé, le locuteur place l'interlocuteur sur le même plan que lui] Il est parti! dit-il. ?Alors, nous pouvons causer, mon cher. Tout à notre aise (Ponson du Terr., Rocambole, t.3, 1859, p.118).
[Le locuteur s'adresse à un animal ou (littér.) à un objet personnifié] «Voulez-vous venir avec nous aux bains de mer?» «Qui cela, nous!» «Moi et mon oiseau (...)» (Flaub., Éduc. sent., t.2, 1869, p.74):
1. Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Avons-nous assez divagué
De la belle aube au triste soir...
Apoll., Alcools, 1913, p.47.
[Le tu est indéterminé, l'auteur associe à lui le lecteur] Représentons-nous donc la lune fixée à l'extrémité du rayon de son orbite terrestre (Bern. de St.-P., Harm. nat., 1814, p.371). V. entendre II A 2 b ? ex. de Thibaudet.
b) [Nous = je + il (ou + elle)] Mes enfants, je suis obligé de vous mettre au collège. Votre mère et moi, nous pensons qu'un précepteur, si dévoué soit-il, ne peut plus vous suffire (H. Bazin, Vipère, 1948, p.270).
Fam. et pop. [Nous deux + subst. désignant la pers. que le locuteur unit à lui] Avec cette personne, cette personne et moi. Ça nous ira [ce genre de vie] à nous deux ma femme (Sue, Myst. Paris, t.9, 1843, p.360). V. deux I A 2 a loc. fam.
c) [Nous = je + ils (ou + elles); le groupe désigné par ils (elles) est déterminé individuellement ou collectivement] Elle: Nous devrions être couchés à cette heure-ci! Jean: Nous, madame? Elle: Non, je dis: «nous»... mes amis et moi! (Guitry, Veilleur, 1911, i, p.5). Nous demeurions là, des après-midi, coude à coude, le commissaire au milieu, à bercer ensemble nos secrets, nos craintes, et nos espoirs (Céline, Voyage, 1932, p.98).
d) [Nous = je + tu (ou + vous) + il(s) (ou + elle(s))] Nous étions toujours contents, elles et nous, de marquer notre amitié (Abellio, Pacifiques, 1946, p.16).
2. [Désigne une collectivité plus large dans laquelle s'inclut le locuteur, notamment province, quartier, pays, patrie; nous = je + ils collectif] Nous devons à Napoléon notre Code criminel, qui, plus que le Code civil (...) sera l'un des plus grands monuments de ce règne si court (Balzac, Splend. et mis., 1846, p.379). Êtes-vous du pays? Notre langue, Monsieur, est si belle, que, lorsque nous l'entendons en pays étranger, cela nous fait tressaillir (Mérimée, Carmen, 1847, p.35). Ce sont les yeux de l'autorité qui ont «flanché», comme nous disons à Ménilmontant (Frapié, Maternelle, 1904, p.77).
3. [Désigne l'humanité en général, la condition humaine, le locuteur et ses contemporains; nous = je + tu (ou + vous) + il(s) + tous; dans ce sens, peut servir de régime à on] Dans quel temps vivons-nous! (Balzac, Illus. perdues, 1843, p.610). À partir d'un certain âge, les enfants nous échappent (Gide, Faux-monn., 1925, p.1114):
2. Nous ne sommes pas plus forts que la vie. Interrogeons-la docilement; il ne convient pas de l'interrompre dès que nous avons saisi une, et une seule, de ses paroles: elle a encore beaucoup à nous dire, et nous beaucoup à en apprendre.
Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p.102.
[Pour exprimer la date] Nous sommes le dix; nous sommes jeudi. ?Quel jour sommes-nous, aujourd'hui? ?Samedi 15 mars (Mille, Barnavaux, 1908, p.71). Louise: Quelle date sommes-nous? Brotonneau: Le 7 mai (Flers, Caillavet, M. Brotonneau, 1923, ii, 2, p.11).
4. Valeur de sing. (syllepse de pers.)
a) [Employé pour je]
Plur. dit de majesté
[Le nous «autoritaire», des actes officiels] Nous, préfet de la Seine, ordonnons...:
3. Ordonnance créant l'Ordre de la Libération. Au nom du Peuple et de l'Empire français, Nous, Général De Gaulle, Chef des Français Libres, Vu notre Ordonnance no 1 du 27 octobre 1940, organisant les pouvoirs publics durant la guerre et instituant un Conseil de Défense de l'Empire...
De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.323.
[Le nous «emphatique», sans idée d'autorité, ou le nous de pudeur, pour ne pas dire je/moi] «Tenons-nous bien!» pensait le héros... «il va m'arriver quelque chose!» (A. Daudet, Tartarin de T., 1872, p.83). La gouvernante: Ne serait-il point décent que Sa Majesté nous accordât le loisir de nous vêtir? Le cardinal: Recouchez-vous, Madame (...). Les matins sont froids (Audiberti, Mal court, 1947, ii, p.154).
Plur. dit de modestie. [Le nous d'auteur. ,,C'est par modestie que les écrivains de Port-Royal l'avaient mis à la mode, pour éviter, disaient-ils, la vanité du moi`` (Besch. 1845)] Le lecteur nous permettra donc de ne pas nous occuper plus, à présent, de quelqu'un qu'il reverra suffisamment dans la suite (Gide, Prométhée, 1899, p.303).
b) Fam. [Employé pour tu (ou vous de politesse), ou pour la 3e pers., même du sing.; pour s'adresser à une ou des pers. ou parler d'elles et exprimer certaines nuances de sentiment (sympathie, condescendance, reproche affectueux, parfois ironie)] Le prince est mon ami, capitaine. ?Bon! bon! Ne nous fâchons pas... Vous ne prenez pas une absinthe? (A. Daudet, Tartarin de T., 1872, p.98). Marc: Hé! c'est notre amie Vivette... Où allons-nous donc de si bonne heure, miss Vivette, avec ces gros paquets? (A. Daudet, Arlésienne, 1872, ii, tabl. iii, p.404):
4. Assise sur son séant, la mère l'emmaillota largement, de ses mains expertes, plaisantant, répondant à chacun de ses cris: ?Oui, oui, je sais, nous avons très faim, très faim... Ça va venir, la soupe est au feu...
Zola, Fécondité, 1899, p.229.
c) [Employé pour il (ou elle) lorsque le locuteur (mandataire officiel, avocat, notaire) parle en tant que représentant des intérêts de son client, dans le style officiel] Le délégué: Nous prions humblement Votre Seigneurie de nous rendre notre parole (Claudel, Chr. Colomb, 1929, p.1166).
B. Fonctionnement syntaxique
1. [Nous atone, non prédicatif, en fonction de]
a) [Suj.] Depuis que nous avons appris la grande nouvelle de ton transfert dans l'infanterie (...), nous n'avons rien su de toi et nous nous en étonnons (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p.304). [En concurrence avec on] Nous avions quelquefois des bouffées d'opulence pendant lesquelles l'argent se dépensait avec une ridicule prodigalité; puis, pendant longtemps, on retombait dans un état voisin de l'indigence (Karr, Sous tilleuls, 1832, p.270).
[Suj. d'une «prop. infinitive»] Elle nous fit traverser des salles aux plafonds effondrés (G. Leroux, Parfum, 1908, p.41).
[Devant voici, voilà] Nous voilà!... Nous arrivons! (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t.2, 1870, p.14). Nous voici partis tous trois, maman, le curé et moi, pour administrer mon oncle (Maupass., Contes et nouv., t.2, Marquis de F., 1886, p.67).
b) [Compl. d'obj. dir.] Ce déluge de la réalité qui nous submerge (Proust, Sodome, 1922, p.1115).
c) [Compl. d'obj. indir. ou compl. d'attribution] Elles vagirent comme des enfants: «Ouvrez-nous! Ouvrez-nous!» (Louys, Aphrodite, 1896, p.189):
5. Paris nous paraît gris, les femmes nous semblent laides, les roues des voitures nous semblent avoir des chaussons de lisière. Rien de la patrie ne nous sourit, pas même notre intérieur.
Goncourt, Journal, 1860, p.818.
d) [En emploi pronom., réfl., réciproque ou essentiellement pronom.; compl. d'obj. dir. ou indir.]
[réfl.] Nous feignions, pour ainsi dire, de ne pouvoir nous fixer sur rien (Musset, Confess. enf. s., 1836, p.284). Nous saisirons les ambassades anglaise et russe. Et nous nous laverons les mains du reste (Farrère, Homme qui assass., 1907, p.344).
[réciproque] Nous aurons le loisir de nous connaître et de nous apprécier; nous en viendrons peut-être à nous aimer (Sandeau, Mlle de La Seiglière, 1848, p.133). Nous sommes rentrées chacune dans notre chambre sans nous rien dire (Hugo, Misér., t.1, 1862, p.104).
[essentiellement pronom.] Vivons chacun de notre côté et puis, nous nous en irons un jour chacun du nôtre (Goncourt, Journal, 1858, p.503).
e) [Compl. d'intérêt, datif éthique, nous soulignant l'intérêt ou l'importance qu'a pour les pers. désignées par nous l'action exprimée par le verbe] Tais-toi, tu vas nous la tuer (Bernanos, Soleil Satan, 1926, p.74). Peut-être ben que le Survenant est allé au Congrès eucharistique et qu'il va nous revenir avec une foule de nouvelles à raconter (Guèvremont, Survenant, 1945, p.266).
2. [Nous tonique, prédicatif, en fonction de]
a) [Suj. accentué]
[Suj. ou thème d'une prop. infinitive] Et nous de rire, et Bertrand de se fâcher (Sénac de Meilhan, Émigré, 1797, p.1726). Vous comprenez, nous, aller nous bagarrer avec ces types-là, qui ne nous ont rien fait, en somme (Malraux, Espoir, 1937, p.496).
[Suj. d'une prop. ell.] La mer fut un instant très méchante, et nous fort malades (Michelet, Journal, 1834, p.141).
b) [Attribut, notamment après c'est] Ils prétendent posséder une bonne, une excellente physique. «C'est nous les savants!» s'écrient-ils (A. France, P. Nozière, 1899, p.165).
c) [Appos. à un subst. ou un pron., notamment le pron. nous atone ou (fam.) le pron. on] Tu es trop jeune. Vingt ans, vous ne vous rappelez pas... Nous, au contraire, on se rappelle (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p.6). Chaque famille a ses petits secrets: nous en savons quelque chose, nous! (Bernanos, Joie, 1929, p.654). Nous, la délégation ?et les gars ?on a réfléchi, de notre côté (Malraux, Espoir, 1937, p.661).
[Suivi d'une prop. rel.] Nous cependant, qui écrivons ceci, nous tirons notre chapeau à ce cul-de-jatte (Montherl., Célibataires, 1934, p.758).
[Suivi d'une appos.] Une élite dans laquelle, pourtant, nous Français étions admis (Larbaud, F. Marquez, 1911, p.11).
d) [En coordination avec un subst. ou un pron. tonique, prédicatif] On s'est habitué, ces lieux et nous, à être ensemble (Barbusse, Feu, 1916, p.98).
e) [Compl. prép. (sauf les prép. temporelles durant, pendant, passé, etc.)] Grand saint Joseph, priez pour nous (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p.53).
[À nous renforçant le poss. notre, nos] Le temps, c'est notre champ de bataille, à nous. Mieux, c'est notre allié (Bourget, Sens mort, 1915, p.135).
[En emploi d'insistance, à la place d'un nous atone] Vous disiez ceci à l'Allemagne; pourquoi ne pas le dire à nous? (Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p.120).
f) [Compl. de compar.] La ville commence à se remuer autant que nous (Colette, Cl. école, 1900, p.265).
g) Loc. et expr. avec nous tonique prép. À nous deux! V. deux ex. 5. Chez nous. V. chez ex. 8, 10 et A 1 ex. de Ringuet. Entre nous (soit dit). V. entre II A.
Malheur* à nous! Misère* de nous! Pauvre de* nous! Ce que c'est que de* nous!
h) [Nous tonique renforcé par]
[autre, fréq. dans l'Ouest et au Canada] Nous autres. V. autre I B 3.
[même] Nous-même(s). V. même II A 2.
Sens réfl.:
6. ... ce qui distingue uniquement la mémoire de la sensation en général, c'est que, dans la mémoire, nous avons conscience que cet objet présent est nous-même, le sujet, à un état antérieur de manifestation. Nous voyons de nous-même, objectivement, une certaine image.
P. Leroux, Humanité, 1840, p.278.
En partic. En personne. Nous leur donnâmes nous-même une poignée de piastres turques que les jeunes filles se partagèrent (Lamart., Voy. Orient, t.2, 1835, p.90).
De nous-mêmes. De notre propre initiative, spontanément. V. de1 I C ex. 4.
[seul(s), tous] Nous tous ici qui gagnons notre vie péniblement (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p.40). Notre sort dépend donc de nous seuls! Nous sommes les maîtres de notre destin (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p.493).
[un adj. numéral cardinal] V. aussi supra g à nous deux! et supra A 1 b (pop.) nous deux mon frère. Il nous restait environ un kilo de pain à nous quatre (Martin du G., Thib., Été 14, 1936 p.369).
3. Mécanismes syntaxiques (place, accord, constr., ell.)
a) [En emploi non prédicatif, est antéposé au verbe, sauf]
[en phrase interr. comme suj. (lang. écrite; lang. soutenue)] Ne sommes-nous pas leurs représentants ici? (Giraudoux, Intermezzo, 1933, iii, 1, p.157).
[en phrase impérative positive comme compl.] Rends-le-nous. Allons-nous en, la femme nous attend pour la soupe (Aymé, Jument, 1933, p.192).
Rem. Ds la lang. fam., parfois, le/la/les sont placés après nous obj. indir. Rends-nous-le, dis-nous-le. Voir Grevisse, Le Fr. correct, Gembloux, Duculot, 1973, p.188.
b) [Le verbe s'accorde]
[à la 3e pers. du plur. ou du sing. lorsque nous tonique est compl. partitif] C'est elle qui voulait mourir. Aucun de nous n'était assez fort pour la décider à vivre (Anouilh, Antig., 1946, p.196).
[à la 1re pers. du plur. après c'est nous] Ce n'est pas nous qui avons commencé (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.223).
[au sing. (ainsi que les subst., adj., part. et appos.) avec un nous = «je» (de majesté, d'auteur, de modestie)] Nous, maire de la commune, convaincu que... Quant à nous, adonné à la lecture heureuse, nous ne lisons, nous ne relisons que ce qui nous plaît (Bachelard, Poét. espace, 1957, p.9).
Rem. Lorsque nous désigne une femme, l'accord du part. passé se fait au fém.: Nous nous trouvions placée devant une double impasse (I. Tamba-Mecz, Le Sens fig., Paris, P.U.F., 1981, p.17).
c) [Ell. de nous atone suj. dans une suite de verbes coordonnés ou juxtaposés à la 1re pers. du plur.] Nous nous levâmes et prîmes congé (A. France, Vie fleur, 1922, p.301).
[Avec une appos. sans reprise de nous tonique] Nous, gens de village, sommes tenus de parler français, pour n'être point repris (Courier, Pamphlets pol., Au réd. la Quotidienne, 1823, p.205).
[avec deux suj. coordonnés] V. moi, toi, vous.
d) Constr. partic.
? Il nous laisse reposer; il nous fait asseoir (ell. du pronom. avec les auxil. factitifs faire, laisser...). Mademoiselle nous laisse un peu reposer, de peur que nous ne soyons trop défraîchies pour le grand jour (Colette, Cl. école, 1900, p.279).
Fam. Un ami à nous. Un de nos amis. Il est là-bas chez des amis à nous (Montherl., Bestiaires, 1926, p.502).
Littéraire
Une lettre à nous adressée (antéposition de nous prép. devant un part. passé). L'éditeur Lemerre (à qui nous devons les oeuvres de poésie par nous étudiées à l'instant) (Mallarmé, Dern. mode, 1874, p.804).
Il nous veut + inf. (nous antéposé à l'auxil. suivi d'un inf.). Il nous veut terrasser: plions les reins, mais avec élégance (Boylesve, Leçon d'amour, 1902, p.178).
II. Emploi subst. masc. sing. [Avec déterm.] Le nous. La communauté de deux ou plusieurs êtres humains ayant des relations interpersonnelles et des intérêts communs. Elle avait cessé de s'occuper du moi, ou de l'homme individu, de l'homme abstrait, pour s'éprendre du nous, ou de l'humanité (P.Leroux, Humanité, 1840, p.140).
PHILOSOPHIE
Dans le platonisme, l'esprit en tant qu'il saisit intuitivement la réalité des choses, l'«Idée» au delà des apparences sensibles (d'apr. Logos). Aristote utilise l'intelligence contre l'affectivité, le nous contre l'éros de Platon (Choisy, Psychanal., 1950, p.227).
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Chez les existentialistes, «le Nous» désigne un groupe humain caractérisé par des relations authentiques et non pas anonymes. Les membres du groupe gardent chacun une disponibilité spontanée à l'égard d'autrui, et pourtant ils participent à l'obligation collective. Contrairement à l'inauthenticité du «On», le «Nous» sauvegarde l'intimité et le pouvoir de décision des individus`` (Thinès-Lemp. 1975).
Prononc. et Orth.: [nu]. Homon. noue et formes de nouer. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Pron. pers. 1re pers. du plur. tonique et atone A. cas régime direct 1. atone ca 881 précède le verbe (Ste Eulalie, 28 ds Henry Chrestomathie, p.3: ... et a lui [Christus] nos laist venir); 2e moitié xe s. (St Léger, éd. J. Linskill, 239: Il [Lethgiers] nos aiud ob ciel Senior); ca 1050 régime d'un inf., lui-même régime d'un autre verbe, nus se place non devant l'inf. mais devant cet autre verbe (St Alexis, éd. Chr. Storey, 11: Puis icel tens que Deus nus vint salver); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1149: Li emperere nos devreit ben venger; 1744); 2. tonique a) ca 1100 (ibid., 1747-48: Nostre Franceis ... Truverunt nos e morz e detrenchez, Leverunt nos en bieres sur sumers); b) id. après un verbe à l'impér. en début de prop. (ibid., 1906-07: Paien escrient: ,,Aïe nos, Mahum! Li nostre deu, vengez nos de Carlun!...``). B. Cas régime indirect 1. tonique a)ca 881 après une prép. (Ste Eulalie, 26-27, p.3: Tuit oram que por nos degnet preier [Eulalia] Qued auuisset de nos Christus mercit); fin xes. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 502: contra nos eps [nos ipsos; a. prov.] pugnar devem); 1365 chiés nous (Froissart, Meliador, éd. A.Longnon, 633); b) après un impér. en début de phrase, fin xes. (Passion, 188: ,,Di nos, prophete, chi t'o fisdret?``); ca 1100 le pron. pers. régime direct précède nus régime indirect (Roland, 2560: ,,Sire, rendez le nus! ...``);
2. atone fin xe s. précède le verbe (Passion, 11: La sua morz vida nos rend; 307); ca 1100 le pron. pers. régime direct précède nus régime indirect (Roland, 1008: Respont Rollant: ,,E! Deus la nus otreit!...``; 3013). C. Cas suj. 1. atone 2e moitié xe s. plur. de narration représentant l'auteur et ses lecteurs (St Léger, 6: Et or es temps et si est biens Quae nos cantumps de sant Lethgier); fin xes. (Passion, 305: O Deus... Nos te laudam e noit e di); ca 1100 le compl. étant placé en tête de la phrase, le verbe se place entre ce compl. et le suj. (Roland, 77: Dient paien: ,,De ço avun nus asez!``); xiiie s. en prop. interr., le verbe précède le pron. (Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, 27, 10, p.29: En quel tere en irons nous?); 2. tonique fin xes. (Passion, 291: El mor a tort, ren non forsfist; Mais nos a dreit per colpas granz Esmes oidi en cest ahanz; 501); fin xiie s. nos meïsmes (Béroul, Tristan, éd. A. Ewert, 599). II. Nous peut désigner le locuteur seul, non associé à d'autres personnes A. Ca 1200 (Auberée, 165 ds T.-L.: Se riens vous faut, dites le nous [= moi]); 2e moitié xiiies. (Blancandin, 561, ibid.). B. Ca 1213 nous dit ,,de modestie`` désignant l'auteur parlant à la 1re personne (Fet des Romains, éd. K. Sneyders de Vogel, IV, 2, 17, t.1, p.726). C. 1241, nous dit ,,de majesté`` par lequel se désigne lui-même un grand personnage dans un acte officiel (Charte de Thibaud, roi de Navarre et comte de Champagne ds Layettes du Trésor des chartes, éd. A. Teulet, t.2, p.447a: Nos Tiebauz...Sachent tuit...que...nostre ami...). III. Emploi subst. 1674 «ensemble formé par deux ou plusieurs personnes» ici, les Muses (La Fontaine, Poèmes, Clymène ds OEuvres, éd. P. Clarac, 1968, t.2, p.35); 1751 (D'Alembert, Discours préliminaire de l'Encyclop. ds OEuvres, éd. Paris, A. Belin, t.1, 1821, p.22). Du lat. nos, pron. pers. de la 1repers. du plur. tonique et atone, quelquefois employé au sens de ego, notamment pour accentuer une opposition (Virgile, Bucoliques, I, 3, 4). Depuis le haut Moy. Âge (Léon le Grand), nos s'emploie comme plur. dit ,,de majesté`` (cf. ixe s. Raban Maur [pour une autorité relig.]; id. Dipl. Arnulfi [autorité civile] ds Nov. gloss.) et comme plur. ,,de narration`` pour représenter l'auteur qui s'exprime (2e moitié viiies., Liutger) ou l'auteur et ses lecteurs (xe s., ibid.). Fréq. abs. littér.: 334508. Fréq. rel. littér.: xixe s.: a) 488618, b) 434681; xxe s.: a) 447815, b) 503474. Bbg. Eringa (S.). La Signif. du pron. nous en fr. J. de psychol. normale et pathol. 1950, t.43, pp.171-179. _Furukawa (N.). Le Nombre gramm. en fr. contemp. Tokyo, 1977, pp.122-125. _ Giscard d'Estaing-Mitterand: 54774 mots pour convaincre. Par J.-M. Cotteret, et alii. Paris, 1976, pp.203-213. _Gougenheim (G.).Le Nous de solidarité et de substitution. R. Philol. fr. 1933, t.45, pp.109-117. _Grafström (Å.). On remplaçant nous en fr. R. Ling. rom. 1969, t.33, pp.270-298. _ Hausmann (F. J.). Wie alt ist das gesprochene Französisch? Rom. Forsch. 1979, t.91, pp.431-444. _Loffler-Laurian (A.-M.). L'Expr. du locuteur ds les discours sc. R.Ling. rom. 1980, t.44, pp.135-157. _Spitzer (L.). Vous et nous régimes atones de on. Fr. mod. 1940, t.8, pp.323-343."
&
& http://fr.wikipedia.org/wiki/Régis_Debray
& voir/ see:
http://www.culturalgangbang.com/2009/02/o-brother.html
http://www.e-litterature.net/publier2/spip/spip.php?article728
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