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29/10/2009

generic, flux: Joseph Paris - Kassandre @ "La Bataille Hadopi"






illustration (sans rapport direct):


"A conference at Clark University in 1909 included, in the first row, William James, third from left; Sigmund Freud, fourth from right; and Carl G. Jung, third from right."

by George Prochnik, 20.01.08, New York Times


source



notre créateur-partenaire Joseph Paris @ Kassandre sera présent en tant qu’acteur du collectif organisateur de la conférence de presse de ce soir, 29.10.09, au Fouquet’s (99, avenue des Champs- Elysées, Paris) de 18 à 20.00, generic s’y rendra en tant qu’ “observateur engagé”, reconnaissant aussi pour ces créateurs, éditeurs et acteurs "at large" qui ne se résignent pas et ré-inventent les conditions de possibilités de leur pratiques, de leur art, pour aussi le donné à lire, voir, entendre...

"Mais le cinéma restera le média le plus fantastique pour raconter les histoires."


Par : Joseph Paris, Fondateur de Kassandre, 29 octobre 2009, Article sous Licence Art-Libre


la bataille hadopi : un extrait exclusif


Hadopi... Tout internaute un peu soucieux qu’on ne piétine pas ses libertés et sa vie privée connaît maintenant ce mot, et les conséquences liberticides qu’il transporte. Après un rejet explicite de la loi par le Conseil Constitutionnel nous aurions pu nous arrêter là, renvoyer ce mot dans les sombres tiroirs de Denis Olivennes, mais grâce à l’obstination d’une industrie en mal d’imagination et d’un gouvernement à la botte de celle-ci, le triste mot Hadopi entre dans le grand livre des occasions manquées. Les industries du cinéma et du disque ont raté la formidable occasion d’interroger la pertinence de leurs modèles économiques à l’heure d’Internet, et le gouvernement celle de jouer son rôle, c’est à dire mettre en place le grand débat qui convient, réunissant les acteurs de l’industrie culturelle et le public. Et c’est la société toute entière qui est perdante ; artistes/auteurs, public, et producteurs. Ce qui absolument sidérant dans cette histoire c’est de voir le nombre d’acteurs (artistes, producteurs...) qui jouent contre leurs propres intérêts en s’associant à cette mascarade. C’est se tirer une balle dans le pied que d’être un artiste pro-Hadopi : ceux-là qui s’en prennent à leur propre public ne devront pas être surpris de le voir déserter, ou pire, d’être traités en ennemi. C’est être un producteur aveugle – alors qu’au contraire le métier exige de la clairvoyance – que d’être un producteur pro- Hadopi : je veux bien comprendre ceux qui cherchent par tous les moyens à maintenir un système qui était jusqu’alors très rémunérateur pour eux, mais ce système est-il si performant qu’il mérite qu’on sacrifie pour lui seul les libertés de tous ?


À l’évidence non, en tout cas rien ne permet aujourd’hui d’affirmer que les performances passées de ce modèle sont la garantie d’un futur succès. La simple observation du vocabulaire utilisé par les pro-Hadopi (« pirate », « pillage », « vol »...) nous renseigne sur leur compréhension de la situation. Dans quel monde opaque faut-il vivre pour ne pas voir ce qui est devenu une évidence pour tout le monde : le téléchargement est un acte généreux ; lorsqu’un internaute met un film en partage sur le réseau c’est quand même principalement pour permettre à d’autres d’apprécier une œuvre qu’il a aimée. Que dire encore des subbers, – et je peux en témoigner car j’en connais - ces internautes travaillant bénévolement pendant des heures pour traduire en plusieurs langues des films ou séries qu’ils souhaitent faire découvrir. Le partage de contenu culturel sur l’Internet est une chaîne de générosité hors marché, rarement une chaîne de profit comme s’acharnent à le croire les Luc Besson et consorts. Pour l’instant rien ne démontre qu’un film téléchargé aurait été acheté s’il n’était pas disponible sur l’Internet, à l’inverse plusieurs études démontrent maintenant que les plus gros « pirates » sont également les plus gros acheteurs (Dvd, place de concerts, de cinéma...)1. À l’évidence, Internet constitue a minima un excellent support pour la promotion des œuvres et des artistes.


C’est sur ce constat que j’ai créé en novembre 2008 le collectif Kassandre qui vise à réunir et promouvoir les cinéastes (et par extension les vidéastes) ayant fait le choix de partager librement leurs créations (sous licences Art Libre ou Creative Commons2 ). Nous travaillons à valoriser les créations libres et à imaginer/développer des nouveaux modèles économiques cohérents avec le libre partage, qui est à la fois une pratique de société et une valeur que nous défendons.


Nous sommes comme les ouvriers d’une usine dont les dirigeants déclarent qu’elle va mal tandis que les poches de certains ne désemplissent pas. Cette usine, que ces derniers ont le bon goût de nommer « famille », c’est le cinéma. Et c’est un fait qu’elle va mal, tout le monde s’accorde là dessus ; c’est sur les raisons de ce mal et sur l’attitude qu’il convient alors d’adopter que les avis divergent. Sans prendre la peine d’une étude sérieuse sur le sujet l’industrie du cinéma aura réussi habilement à rendre le « piratage » responsable de tous les maux, bien que le mensonge commence à avoir du mal à passer. Il y a deux raisons possibles à cette supercherie ; soit elle relève d’un ridicule mais vrai désarroi de l’industrie face à l’arrivée de l’Internet, soit elle vise à masquer les réels malaises du cinéma français, dont le Club des 13 a fait un très alertant rapport3 : perte d’influence du producteur, absorption systématique du fond de soutien automatique par les chaînes TV, une poignée de comédiens jugés « indispensables », précarisation des scénaristes, etc... Le partage de contenus sur Internet n’est pas responsable de cela, en revanche il est l’occasion qu’il faut saisir pour imaginer à partir de là de nouveaux modèles, dans des perspectives équitables, et œuvrant pour la démocratisation de l’accès à la culture.


Profitons de cette tribune pour répondre à nos quelques détracteurs qui dénoncent fièrement notre « manque de résultats » ; nous ne prétendons pas, et n’avons jamais prétendu apporter au cinéma les clés du changement, ni de solution sur mesure, par contre nous nous voulons porteurs d’une nouvelle approche, au travers des Licences Libres et nous pensons que cette approche permet de penser et d’interroger le cinéma avec plus – et c’est le cas de le dire – de liberté que ne le permet le cadre obtus et rouillé de l’industrie traditionnelle, et de rappeler que s’il y a lieu aujourd’hui de faire un bilan ce n’est pas celui de Kassandre mais celui de cette dernière industrie, sur laquelle il y a fort à dire... Depuis la création du collectif Kassandre il y a une phrase de Dylan qui nourrit notre réflexion : « Ce n’est pas juste un disque, c’est un mouvement ». Cette seule phrase, lue aujourd’hui, formule une réponse simple à la crise du disque : dans la mesure où l’on se contente de vendre un disque, et seulement un disque, on va droit dans le mur. Il faut regarder bien au-delà. Et en regardant nous- mêmes au delà de notre propre objet de départ (la valorisation des films libres et de leurs auteurs) nous touchons à des nouvelles formes de création, on pense particulièrement aux projets de cinéma collaboratif que nous développons actuellement, et dont nous espérons pouvoir vous faire goûter la teneur au plus tôt...


On dit aujourd’hui de notre modèle qu’il est « alternatif », c’est normal, c’est de bon ton à l’heure d’Hadopi, mais ne peut-on pas prévoir que dans l’avenir il s’impose inévitablement ? À en croire le nombre de films qui s’échangent sur la toile le public l’a déjà adopté, c’est l’industrie qui est à la traîne (j’entends déjà certains glisser un « comme toujours » sans doute bien mérité...). Quand on interroge David Lynch pour avoir son avis sur les changements auxquels le cinéma est nécessairement confronté, il répond : « Ce qui est important c’est de raconter des histoires [...] Et comme le monde change, les histoires changeront aussi, comme notre sensibilité, subtilement. Tout continuera à se transformer, à changer. Mais le cinéma restera le média le plus fantastique pour raconter les histoires. ».


De l’imagination et de l’optimisme, elle est juste là, la solution.


Notes :


1 ) Dernière étude en date : http://ec.europa.eu/information_society/eeurope/i2010/index_en.htm

2 ) Les Licences Libres et Ouvertes (ex : Licence Art-Libre, ou Creative Commons...) protègent les droits des auteurs tout en donnant un cadre juridique sécurisé à la libre distribution et au partage de la création et du savoir.

3 ) « Le milieu n’est plus un pont mais une faille » Club des 13 / Éditions Stock.


voir / see also:


http://www.inlibroveritas.net/la-bataille-hadopi.html


http://www.laquadrature.net/


http://www.libreacces.org/


source: http://www.kassandre.org/?Mais-le-cinema-restera-le-media-le


&


Communiqué de la Présidence de la République


@rrêt sur images


&


pour celles et ceux qui ne pourront pas venir à la conf de presse ce soir au Fouquet's, elle sera retransmise en direct sur http://www.oxyradio.net/


OxyRadio - Webradio Libre - Respire et Ecoute

OxyRadio est une webradio associative qui promeut les artistes ayant fait le choix de la libre diffusion de leurs oeuvres sur Internet.


& aussi (update 31.10.09)


" Le 29 octobre avait lieu au Fouquet's la conférence de presse de sortie du livre 'La Bataille Hadopi' qui réunit 40 auteurs, femmes et hommes politiques, sociologues, enseignants, militants associatifs, journalistes, artistes, auteurs, juristes ou encore poètes.

- Notre contribution au livre : voir texte Joseph Paris @ Kassandre, ci-dessus

- Le podcast de la conf de presse : http://www.kassandre.org/?Les-anti-...

- Commander le livre : http://www.inlibroveritas.net/la-ba...

- Pirater le livre : http://www.kassandre.org/medias/pdf...

- Photos de l'évènement : http://www.facebook.com/album.php?a..."

source Lettre Kassandre du 31.10.09

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