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20/10/2009

generic, flux: Soulages @ Beaubourg
















post (contrasté) en cours, en attendant:












Centre Pompidou / Beaubourg


Du 14 octobre 2009 au 8 mars 2010, Galerie 1, niveau 6



"surface, couleur, matière"










&






http://www.pierre-soulages.com/


& aussi:


" Pierre Soulages: "Un art sans présence, c'est de la décoration"

Par Annick Colonna-Césari, Stéphane Renault, publié le 14/10/2009 12:49 - mis à jour le 14/10/2009 18:06


Pierre Soulages


1919 Naissance à Rodez (Aveyron), le 24 décembre.

1938 Refuse d'intégrer les Beaux-Arts de Paris, où il était admis.

1947 Premières toiles exposées à Paris en galerie.

1979 Découvre l'"outrenoir". Première exposition à Beaubourg.

1987-1994 Réalise 104 vitraux pour l'abbatiale de Conques.

2009-2010 Quatrième rétrospective française, au centre Pompidou.


Certains artistes ressemblent à leur oeuvre. Tel est Pierre Soulages. Lorsqu'il vous accueille sur le seuil de sa maison-atelier de Sète, face à la Méditerranée, à côté du cimetière marin où repose Paul Valéry, l'impression est saisissante. Du dernier colosse de l'abstraction d'après-guerre se dégage d'emblée une imposante présence. Lumineuse. Qui, sous les dehors d'une apparente austérité, va de pair avec une extrême courtoisie, une culture et une curiosité qui sont l'apanage de l'honnête homme mais aussi d'un artiste à part. Ami de Giacometti, de Hartung et de Rothko, le maître de l'"outrenoir" aura su rester fidèle à une même ligne, tout à la quête d'un art de l'essentiel, sans, pour autant, cesser d'innover. Eloge de la lumière dans l'ombre, oeuvre au noir conçue dans la solitude. L'Express l'a rencontré à la veille de ses 90 ans et de la rétrospective - la quatrième en France - que lui consacre, du 14 octobre au 8 mars, le centre Pompidou.

La rétrospective qui va s'ouvrir au centre Pompidou est la plus grande consacrée à un artiste vivant dans ce musée. Que montrera-t-elle ?


Le terme de rétrospective m'a toujours déplu. Je n'ai jamais aimé regarder vers l'arrière. L'important, c'est la toile que je ferai demain. Je préfère parler d'une exposition d'ensemble. Elle déploie soixante-trois ans de mon parcours : des oeuvres de mes débuts, à partir de 1946, jusqu'aux polyptyques de grand format récents - certains datant de 2009. Elle s'inscrit dans une continuité : ce goût pour le noir, qui m'accompagne depuis l'enfance. Lorsqu'on me donnait des couleurs pour peindre, je préférais tremper mes pinceaux dans l'encrier. Sans doute mon attirance pour cette couleur remonte-t-elle à cette époque. L'exposition commencera avec des brous de noix, des goudrons... Des matières banales, vulgaires, mais que j'aimais.


Vous êtes donc resté fidèle à la même ligne esthétique ?

Oui, mais avec une rupture, en 1979, autour de laquelle s'articule la scénographie de l'exposition. Cette rupture s'est produite incidemment tandis que je peignais. J'étais alors persuadé de rater le tableau auquel je travaillais et, malgré cette conviction, je continuais à peindre. Quelque chose d'extrêmement fort en moi m'y poussait. Je ne peignais plus avec le noir dont la toile était entièrement recouverte, mais avec la lumière réfléchie par les différents états de surface du noir. Cette lumière venant du noir dépassait le simple phénomène optique. Cela m'a bouleversé. C'est à ce moment que, sur le modèle des termes "outre-Rhin" et "outre-Manche", qui désignent d'autres pays, j'ai inventé le mot "outrenoir". Une manière de désigner, là aussi, un autre pays. Un autre champ mental que celui atteint par le simple noir.


Vous êtes souvent considéré comme le peintre de mono-chromes noirs. A vous écouter, il s'agit d'un malentendu.


Absolument ! Il faut voir avec ses yeux, et pas avec ce qu'on a dans la tête. En réalité, mon travail est monopigmentaire mais à l'opposé du monochrome. Une salle à mi-parcours de l'exposition dissipera, j'espère, ce malentendu. Mes toiles seront accrochées dans cet espace où sol, murs, plafond seront également noirs. Grâce à ce dispositif, on verra que, dans mes peintures, il s'agit d'une lumière réfléchie, transformée et transmutée par le noir. Ce qui m'intéresse, c'est d'explorer les variations possibles des états de surface du noir. Et, avec une grande économie de moyens, de jouer des intensités de moments différents. Lorsqu'on y réfléchit, le noir est fondamental dans l'histoire de la peinture. Il y a trois cent quarante siècles, des hommes sont descendus peindre dans l'obscurité totale des grottes et peindre avec du noir. N'est-ce pas troublant ?


Vous faites sans cesse référence à la lumière qui émane de vos tableaux. Vos recherches s'apparentent-elles à une quête métaphysique ?


Pour moi, non. Mais on peut dire que le noir est la couleur de notre origine. Avant de naître, nous sommes dans l'obscurité. Puis nous voyons le jour et nous allons vers la lumière. C'est ce que pensaient les Rose-Croix. Pour des raisons métaphysiques, Robert Fludd, un rosicrucien, a fait le premier carré noir, en 1617. Ce n'est pas Malevitch, en 1915, comme on le croit souvent.


Si ce n'est par sa dimension métaphysique, comment définir une oeuvre d'art ?


Un jour, au Louvre, j'ai été bouleversé par une sculpture mésopotamienne. Je me suis demandé ce que j'avais à voir avec l'homme qui a fait cela, il y a des siècles : je ne connais pas ses idées, nous ne partageons ni la même culture, ni la même religion. J'ai alors compris que mon intérêt n'était pas tourné vers ce que représentait l'oeuvre elle-même mais tenait à la forte présence qui s'en dégageait, liée aux qualités physionomiques de ses formes et non à une tentative "illusionniste" de restituer les apparences. Un art sans présence, c'est de la décoration. Je suis toujours allé dans ce sens.


Qu'en est-il de la dimension, elle, bien matérielle, de vos oeuvres ? Vous privilégiez, de longue date, les grands formats.


J'ai privilégié aussi - je l'analyse a posteriori - la verticalité. Très tôt, j'ai délaissé le chevalet pour peindre à même le sol, mais j'ai toujours pensé et vu mes toiles debout. J'ai abandonné les châssis standards du commerce et préféré décider moi-même des dimensions et des proportions de mes toiles. En général, j'ai choisi des rapports de dimensions irrationnels, plus dynamisants. Par exemple, celui qu'il y a entre la diagonale et le côté du carré. Je trouve cela plus agréable à l'oeil.


Parallèlement à votre exposition au centre Pompidou, Henri Loyrette, le directeur du Louvre, vous a proposé d'accrocher une de vos oeuvres dans une salle du musée. Quel est l'intérêt pour vous, artiste contemporain, de vous confronter aux grands maîtres ?


J'ai choisi une salle que j'aime particulièrement, celle de la première Renaissance italienne, à côté de La Bataille de San Romano, de Paolo Uccello, que, depuis toujours, je place au plus haut des chefs-d'oeuvre de la peinture. Ma toile sera accrochée sur un mur qui fait face aux fenêtres, de telle sorte qu'elle renverra la lumière. Dans cette salle règne aussi la Maestà, de Cimabue, que j'admire énormément. Lorsqu'on entre, on ne voit qu'elle. Il n'est pas question de comparer des oeuvres aussi étrangères les unes aux autres. Cependant, installer une de mes toiles dans un tel lieu a un sens. En effet, c'est à cette époque que se situe la transition entre la peinture byzantine et la technique "illusionniste" qui aboutit à la perspective. A ces deux conceptions de l'espace s'ajoute celle d'une peinture abstraite comme la mienne. La lumière venant des fonds d'or de la Maestà me fait également penser à l'espace rencontré dans ma peinture "outrenoir". Dans les deux cas, elle vient vers le regardeur, créant un espace devant le tableau.


Des oeuvres d'art peuvent donc se faire écho à travers les siècles ?


C'est ce que j'ai pensé la première fois que j'ai vu une exposition de Picasso, à la fin des années 1930. Mes camarades n'y voyaient que de la foutaise. Moi, je n'étais pas choqué. J'ai tout de suite été impressionné et intéressé. J'y voyais un lien avec les arts primitifs. Ce n'était pas si éloigné des émaux médiévaux de Conques. Guernica est très proche de l'Apocalypse de Saint-Sever !


Vous avez très tôt développé des liens avec les Etats-Unis et compté de grands peintres américains parmi vos amis. Ces rencontres ont-elles eu une influence sur votre parcours ?


J'ai exposé dès 1949 à New York, avec quatre autres peintres abstraits français. Ce fut un flop total. Mais tout le monde nous a vus. J'ai eu plusieurs expositions personnelles à la galerie Kootz et j'ai régulièrement participé à des expositions dans différents musées, dont le MoMA, qui s'appelait encore à l'époque le Museum of Modern Art. Ce n'est que beaucoup plus tard, en 1957, que je suis allé aux Etats-Unis. Pollock n'était plus là mais j'y ai alors rencontré De Kooning, Motherwell, Kline... Et Rothko, avec qui la première rencontre a été orageuse. Il m'a agressé dans une soirée, et ma réponse fut telle qu'il m'a invité à déjeuner chez lui le lendemain. Ainsi a démarré notre amitié, à partir d'une prise de becs. Plus tard, j'ai bien connu aussi Newman. Nous avions tous en commun de faire de la peinture abstraite sur de grands formats. Mais ces rencontres n'ont pas été déterminantes et ne m'ont pas influencé. J'exposais déjà depuis plus de dix ans. Mes influences sont à chercher loin ailleurs. Plutôt du côté de la peinture romane, de l'art préhistorique.


Etes-vous sensible à d'autres formes d'expression ?


J'aime le théâtre, l'architecture, le cinéma... Citizen Kane m'avait emballé. J'ai eu des cinéastes comme collectionneurs : Charles Laughton, Otto Preminger, Clouzot, entre autres. Aujourd'hui, je suis moins libre de mon temps. Je travaille aussi beaucoup dans mon atelier. Ce que je fais est exigeant, demande de la concentration et de l'effort physique. La poésie m'a en revanche toujours accompagné.


Avec une prédilection pour un genre en particulier ?


Des poètes du Moyen Age aux contemporains. J'apprécie particulièrement l'un des premiers troubadours, Guillaume d'Aquitaine, et notamment l'un de ses poèmes, dont j'ai fait ma profession de foi esthétique. Il y est question du "pur rien", d'une insatisfaction perpétuelle, comparable à celle de l'artiste, et du refus des théories. Toutes choses qui m'ont toujours guidé. Je l'ai souvent répété : "C'est ce que je fais qui m'apprend ce que je cherche." Cela m'a conduit à changer ma perception de la peinture, comme avec l'"outrenoir". Quand on sait ce qu'on va faire, on est un artisan. Ce n'est pas ma conception de la création artistique. De la même manière, lorsqu'on m'a sollicité pour réaliser les vitraux de l'abbatiale de Conques, j'ai été amené à inventer un nouveau verre afin de respecter au mieux la lumière naturelle et l'esprit du lieu. Il faut savoir rester curieux.


Le futur musée Soulages, qui ouvrira en 2012 à Rodez, votre ville natale, reposera-t-il sur cette philosophie ?


J'ai en effet souhaité qu'y soit montrée, en particulier à travers les divers épisodes de la fabrication des vitraux de Conques, la part du hasard dans la création et dans l'invention de nouvelles techniques. Une démarche fondée sur la recherche, où l'inconnu a sa part. Si on garde les yeux ouverts, l'imprévu est toujours possible. Et peut devenir déterminant. J'ai souvent dit que j'étais contre les musées d'artistes, trop souvent semblables à des mausolées. Un musée doit être vivant. J'ai accepté ce projet à une autre condition : que soit créé un espace de 500 m? pour accueillir des expositions temporaires.


La création de ce musée est-elle pour vous une forme de consécration ?


Non, je n'ai jamais rien recherché de tel. Plus de 100 grands musées dans le monde ont déjà acquis mes oeuvres. Si j'ai eu la chance d'être reconnu très tôt, dès 1948, c'est grâce à une exposition collective qui a circulé en Allemagne. Et le premier historien d'art à entrer dans mon atelier, la même année, était américain : James J. Sweeney, conservateur du Museum of Modern Art. Les Français, au début, m'ont avalé de travers. A Paris, on s'est aperçu que j'existais parce que les étrangers s'étaient intéressés à ma peinture. Ma première grande exposition personnelle en France - Malraux était alors ministre de la Culture - a eu lieu en 1967, au Musée national d'art moderne. Mais elle arrivait après l'Allemagne, la Hollande, la Suisse... D'ailleurs, la préface du catalogue précisait que, si j'étais ainsi honoré, c'était en tant qu'ambassadeur de la peinture française à l'étranger !


Cela ne vous a pas empêché de devenir l'artiste français vivant le plus cher. L'un de vos tableaux a été adjugé, il y a quelques mois chez Sotheby's, 1,5 million d'euros.


Que des gens aiment ma peinture, j'en suis ravi. Mais l'art comme commerce ne me concerne pas. Que signifie être le peintre français le plus cher ? C'est le marché qui veut ça. Je n'aime pas davantage les biennales, où tous les artistes combattent derrière le drapeau de leur pays, comme aux Jeux olympiques. L'art n'est pas une compétition, avec un premier et un second. Chaque artiste est unique, irremplaçable. Une oeuvre n'est pas non plus un moyen de communication. C'est quelque chose de bien plus profond, qui va à l'essentiel."


source l'Express


& (images)


"Pierre Soulages, éloge de la lumière dans l'ombre


Neuf oeuvres de Pierre Soulages à l'occasion de sa retrospective au centre Pompidou. Du 14 octobre au 8 mars."


source l'Express


& pour prolonger:


"Une septaine de sixains de Guillaume d'Aquitaine : Farai un vers de dreyt nien


1. Farai un vers de dreyt nien :

2. Non er de mi ni d'autra gen,

3. Non er d'amor ni de joven,

4. Ni de ren au,

5* Qu'enans fo trobatz en durmen

6* Sus un chivau.

7! No sai en qual guiza'm fuy natz :

8. No suy alegres ni iratz,

9- No suy estrayns ni suy privatz,

10. Ni no'n puesc au,

11. Qu'enaissi fuy de nueitz fadatz,

12. Sobr'un pueg au.

13! No sai quora'm fuy endurmitz

14. Ni quora'm velh, s'om no m'o ditz

15. Per pauc no m'es lo cor partitz

16. D'un dol corau.

17. E no m'o pretz una soritz,

18. Per sanh Marsau !

19. Malautz suy e cre mi murir,

20! E ren no sai mas quan n'aug dir.

21. Metge querrai al mieu albir

22+ E no sai cau.

23* Bos metges er s'im pot guerir,

24+ Mas non, si amau.

25- M'amigu'ai ieu, no sai qui s'es,

26+ Qu'anc non la vi, si m'ajut fes.

27. Ni'm fes que'm plassa ni que'm pes,

28. Ni no m'en cau,

29. Qu'anc non ac Norman ni Frances

30. Dins mon ostau.

31. Anc non la vi et am la fort,

32. Anc no n'aic dreyt ni no'm fes tort.

33. Quan non la vey, be m'en deport,

34. No'm pretz un jau,

35. Qu'ie'n sai gensor e bellazor,

36. E que mais vau.

37- Fag ai lo vers, no sai de cuy.

38. Et trametrai lo a selhuy

39. Que lo'm trametra per autruy

40. Lay ves Anjau,

41+ Que'm tramezes del sieu estuy

42. La contraclau.


Aucune des traductions consultées ne me satisfont. L'ajout fréquent du pronom personnel "je" alourdit et défigure le poème chanté. Les vers sont généralement interprétés sur le mode ludique, cynique dirait Sloterdijk, plus qu'ontologique, comme je les entends. Sourdes encore restent-elles, la plupart de ces interprétations, à la métaphore finale, éminemment musicale, ignorée de nos Socrates lilliputiens. Les vers 41-42 généralement lus licencieusement et qu'un Jeanroy répugne à traduire, serait une métaphore inversée, ou la métaphore d'une métaphore, puisqu'en effet c'est la musicalité, celle immédiate de la chanson comme celle des sphères, qui s'y voile. Je propose donc ma version, cherchant à concilier le rythme, et moindrement la rime, en accord avant tout avec l'esprit et l'incommensurable émotion du texte.


Ferai des vers de pur néant :

Ne sera de moi ni d'autres gens,

Ne sera d'amour ni de jeunesse,

Ni de rien d'autre.

Les ai trouvés en somnolant -

Sur un cheval !

Ne sais sous quelle étoile suis né.

Ne suis allègre ni irrité,

Ne suis d'ici ni d'ailleurs,

Et n'y peux rien :

Car fus de nuit ensorcelé

A la cime d'une colline.

Ne sais quand fus endormi,

Ni quand je veille si on ne me le dit.

J'ai bien failli avoir le coeur brisé

Par la douleur :

Mais m'en soucie comme d'une souris

Par saint Martial !

Malade suis et me sens mourir,

Mais n'en sais pas plus qu'en entends dire.

Médecin querrai à mon gré,

Mais ne sais quel :

Bon il sera s'il peut me guérir

Mais non si mon mal empire.

L'amie que j'eus : ne sais qui c'est.

Jamais ne la vis par ma foi,

Rien ne m'a fait qui me plaise ou pèse,

Et ça ne m'importe pas plus

Qu'il vint jamais Normand ou Français

Dans ma demeure.

Jamais ne la vis et l'aime fort.

Jamais ne me fit justice ni tort.

Quand ne la vois, en fais ma joie

Et ne l'estime pas plus qu'un coq :

Car en sais une plus aimable et belle

Et plus précieuse.

J'ai fait ces vers ne sais sur quoi.

Et les transmettrai à celui-ci

Qui les transmettra à un autre

Là-bas vers l'Anjou :

Que celui-là m'en renvoie, de son fourreau -

En contrepoint : la clé ! "


http://cura.free.fr/docum/706Agui.html


&


Compte rendu

Au Centre Pompidou, la lumière noire de Soulages

LE MONDE | 15.10.09 | 16h40 • Mis à jour le 15.10.09 | 16h41


"Labourage et pâturage sont les deux mamelles de Pierre Soulages. On ira pour s'en convaincre voir la rétrospective en un peu plus d'une centaine d'oeuvres que lui consacre jusqu'au 8 mars 2010 le Centre Pompidou, à Paris. La première date de 1946, la dernière de mars 2009 et, en soixante-trois ans de carrière, le peintre, né en 1919, n'a eu de cesse de tracer son sillon. Droit, profond, malgré quelques tempêtes. Dont une méchante polémique l'opposant jadis, par critiques interposés, à tel ou tel de ses confrères américains. Un problème d'antériorité, auquel l'histoire de l'art a, depuis, fait justice, mais qui continue de hanter l'artiste."


&


ENTRETIEN


"Soulages, peintre du noir : "La lumière est d'une richesse inimaginable"


Au point que l'exposition s'ouvre avec une affiche. Elle avait servi à annoncer une exposition en Allemagne en 1949 et tomberait comme un cheveu sur la soupe, si cet exemplaire-là n'avait une autre histoire : Soulages l'avait offert à Herman Cherry, qui l'emporta à Manhattan et la punaisa au mur de The Club, un lieu où se réunissaient les peintres qui firent ensuite les beaux jours de l'école de New York et qui eurent ainsi du Soulages sous le nez en permanence. Dont acte. La chose paraît aujourd'hui dérisoire, mais l'artiste y tient beaucoup. D'autant que l'épisode n'est pas si anodin que cela, comme le montre la suite de l'exposition, ainsi qu'un texte important de Serge Guilbaut dans le catalogue.

Divisée en dix salles, l'exposition est articulée en deux grandes phases : avant et après le triomphe de la peinture américaine. L'avant, c'est cette période euphorique où un très jeune peintre, alors âgé de moins de 30 ans, devient un des chefs de file de sa génération. Il tâtonne un peu au début, mais, très vite, il impose un geste, ample, puissant, profond. Un geste, pas une gestuelle. Il ne gesticule pas, il trace.

La critique salue, le succès suit, les expositions s'enchaînent, jusqu'à l'Amérique qui l'acclame. Il vend à Nelson Rockefeller, au Guggenheim, au MoMA. James Johnson Sweeney l'expose au Musée de Houston, en 1966. C'est là qu'il aura pour la première fois l'idée d'accrocher, comme on le voit aujourd'hui à Beaubourg, des toiles sur des câbles tendus du sol au plafond.

La seconde phase vient après 1971. Il y a d'ailleurs dans l'exposition un hiatus, avec très peu d'oeuvres de cette décennie. L'Amérique le rejette désormais, comme tout l'art français. S'il en souffre, il n'en continue pas moins. Jusqu'à ce que quelque chose germe. Ce sera "l'outrenoir", comme il le nomme. Le tracé envahit toute la toile. La peinture est là, apparemment monochrome. Noire ? Non. Le noir, dont on pense trop souvent qu'il caractérise Soulages, n'est qu'un moyen.

Avec divers outils, que souvent il confectionne lui-même, il va modeler, moduler la surface, jouer des matités et des brillances. Des lignes de crête, des andains vont arrêter la lumière, se la réexpédier, la faire irradier de toute la toile. Une salle superbe marque cette période : trois tableaux éclairés uniquement par le reflet indirect de la lumière sur le mur qui leur fait face. Soulages est libéré de l'abstraction, de l'expressionnisme et des écoles de Paris ou de New York des années 1950 : il va de l'avant, crée des tableaux où le regard se perd. Le nôtre, le vôtre. Des monuments intemporels livrés en pâture à l'oeil. Et des mondes à ruminer.


"Soulages", Centre Pompidou, place Georges-Pompidou, Paris-4e. Mo Rambuteau. Tél. : 01-44-78-12-33. Jusqu'au 8 mars 2010, de 11 heures à 21 heures. De 9 € à 12 €. Catalogue, 352 p., 44,90 €. www.centre-pompidou.fr."


source Le Monde


& vidéo / conférence:
























Vidéo : Un dimanche, une œuvre, Pierre soulages

. Dossier pédagogique Soulages


http://www.centrepompidou.fr/streaming/20080515-psoulages/index.html



à suivre...

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