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28/10/2009

generic, flux - xpress: generic, flux: Guy Maddin @ Paris - Beaubourg, III
















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“Guy Maddin


pour la sortie de son film « Des trous dans la tête ! »


Entretiens > 20 octobre 2009


Guy Maddin était à Paris pour la présentation en avant-première de Des trous dans la tête ! et Winnipeg, mon amour. Il revient à cette occasion sur ses débuts au cinéma, ses influences et sa manière de travailler.


La plupart de vos films se déroulent à Winnipeg, votre ville natale, pourquoi êtes-vous si attaché à ce lieu ? Peut-être parce qu’elle est le théâtre de vos plus vieux souvenirs ?


Quand j’ai commencé à faire des films, il y a vingt ans de cela, je détestais le cinéma canadien et je me suis promis de faire des films différents. Quand j’ai réalisé The Tales of Gimli Hospital, je me suis rendu compte que le Canada n’avait pas sa propre mythologie comme Paris, New York ou Londres peuvent l’avoir. Je souhaitais construire la mythologie de Winnipeg. G.-A. Romero par exemple a su créer tout un mythe autour de Pittsburgh, où furent tournés la majorité de ses films. Je voulais m’approcher de ça. Quand j’ai commencé à écrire de plus en plus de détails étaient liés à Winnipeg et c’est tout naturellement que j’ai voulu y tourner mes films. J’ai vraiment aimé faire de cette ville mon terrain de jeu. Pour réaliser une autobiographie, J’avais à confesser quel genre d’horrible personne j’étais ! Dans mon second film Et les lâches s’agenouillent puis pour Winnipeg, mon amour et Des trous dans la tête !, j’ai commencé à esquisser un dessin plutôt noir de ma famille. En fait, il s’agissait d’être le plus honnête possible face à mes souvenirs. Tous ces éléments se cristallisaient en une seule vérité.


Vous parlez de la résurgence vos souvenirs, comment collaborez-vous avec G. Toles votre scénariste ?


George Toles est un excellent auteur. Sa prose est très éloquente. Je lui ai raconté mes souvenirs de façon imprécise et il a su les réécrire avec les mots exacts. Il a en quelque sorte écrit les dialogues de mon enfance.


Êtes vous intéressés par d’autres artistes qui ont travaillé sur le thème de la mémoire ?


J’ai été influencé par Zéro de conduite de Jean Vigo. J’adore par-dessus tout l’allégresse de ce film sur l’enfance fait par des enfants. Les enfants de l’orphelinat rappellent ceux de Zéro de conduite. Nous n’avions pas beaucoup de moyens et j’ai décidé d’acheter des vieilles chemises de nuit dans une friperie. C’est sans doute ce qui les fait ressembler aux pensionnaires du film. J’adore cette scène mythique de la bataille de polochons dans le dortoir. Je la cite dans Winnipeg mon amour. Que Jean Vigo me pardonne ! J’ai été aussi influencé par Jeux interdits de René Clément qui explore la thématique de la mémoire de manière plus naturaliste. Les cinéastes expérimentaux qui explorent ce sujet comme Martin Arnold m’intéressent également. Je pense que j’ai utilisé une façon plus littérale dans Des trous dans la tête !. Mon auteur préféré concernant le travail sur les souvenirs d’enfance reste cependant le Polonais Bruno Schulz. J’ai vraiment pensé à lui quand j’ai réalisé ce film.


Quelle est la genèse de ce film ?


C’est un film à part. Il a été fait grâce à la participation de ce studio de Seattle, la Film Company. Je me suis au commencement, souvenu d’une anecdote concernant ma mère tyrannique et ma sœur adolescente, qui a été le point de départ du film. Je voulais juste me confesser. Faire ce film était un bon moyen d’être honnête face à ces réminiscences de l’adolescence.


Des trous dans la tête ! a été présenté avec les bruiteurs et le narrateur sur scène. Comment cela s’est-il déroulé ?


Quand je fais un film, j’en suis en général fier. Je voulais donc créer un événement autour de lui. De plus il y a tellement de films dans les festivals que je trouvais intéressant de construire quelque chose de différent. C’était une façon pour moi de retenir le public, de le focaliser sur le film, en lui injectant plus d’énergie.


Vous avez donné des représentations dans différentes villes. Quand aurons-nous la chance de le voir en France ?


J’ai déjà les textes en Français et nous attendons de trouver le lieu adéquat et les financements. J’aimerais beaucoup qu’une représentation ait lieu à Paris. Mes films et mes auteurs préférés sont français. Le monde du cinéma est étonnant ici. Tellement de gens se passionnent pour cet art.


Pour quelles raisons avez-vous choisi Isabella Rossellini pour incarner le rôle du narrateur ?


C’est une grande actrice et elle comprend très bien mon travail. Son phrasé est très musical. Elle est très à l’aise dans le registre du mélodrame peut-être grâce à ses origines suédoises et italiennes. Le théâtre suédois a une grande tradition de dramaturges. Selon les représentations, il y a eu différents narrateurs. C’est très intéressant d’avoir d’autres interprétations, cela change le film entièrement. Crispin Glover, le fameux acteur hollywoodien a refusé d’adopter un ton mélodramatique. Il haussait la voix d’une façon étrange. Son profil avec son grand nez acéré jouait un rôle important. Il s’amusait avec la lumière et son ombre. C’était très excitant d’entendre mon nom dans la bouche de tant de célébrités différentes.


Le montage est très particulier, les images sont en boucle comme les images samplées qu’utilisent les V.J. (vidéo jockey). Avez-vous pensez à faire un jour un film en public avec cette technique ?


Je ne connais pas très bien les technologies, mais je sais juste que les images doivent venir dans un certain ordre pour la cohérence de narration. Cependant les souvenirs apparaissent de façon imprévue et parfois obsessionnels. Cette proposition pourrait donc m’intéresser.

Vous n’avez pas étudiez le cinéma dans une école. Comment l’avez-vous appris ?


J’ai fait beaucoup d’erreurs. Mais j’ai beaucoup appris de mes erreurs. Elles sont parfois même plus intéressantes. Le fait d’avoir appris le cinéma par moi-même me l’a rendu plus ludique. J’ai acquis une caméra super8. Je voulais faire du cinéma primitif. Je me sentais comme au jardin d’enfants. Je suis d’ailleurs très intéressé par les œuvres des enfants. Parfois je suis même tenté de me réapproprier leurs inventions, mais je ne l’ai jamais fait.


Vous parler de l’art des enfants, vous êtes-vous intéressé à l’art brut ?


L’œuvre d’Henry Darger est extraordinaire. Il est l’auteur d’un très long manuscrit illustré de dessins extraordinaires. Mon ami John Ashbery a écrit un long poème sur lui intitulé Girl on the run que j’affectionne tout particulièrement. Je pense aussi à un autre artiste de l’art brut qui a écrit un nouvel hymne pour le Canada, B.J. Snowden. Elle est surprenante. En quelque sorte je suis moi-même un artiste de l’art brut, mais pas complètement, car j’ai pleinement conscience de mes films. Je voudrais parfois l’être, pour pouvoir me détacher de mon travail.


Vous utiliser les codes du cinéma muet dans vos films, qu’est ce que cela signifie aujourd’hui ?


Certains des films muets semblent encore aujourd’hui très actuels. Je me suis inspiré du vocabulaire d’Abel Gance ; la plupart des gens trouvent sa façon de travailler ridicule. il se moquait des conventions temporelles. Il ne s’inquiétait pas des détails comme les conventions temporelles. Cela contribue à donner une certaine poésie, comme les faux raccords par exemple. Mais si vous essayez de faire quelque chose comme ça aujourd’hui vous serez très vite comparé à un Ed Wood et l’industrie se moquera de vous. Le travail de ce dernier m’intéresse beaucoup. Je m’en suis inspiré pour Winnipeg, mon amour.


Vous souvenez-vous du premier film muet que vous avez vu ?


Quand j’étais enfant, je ne me souviens plus très bien... En tant qu’adulte ce fut L’Âge d’or de L. Buñuel, qui n’est cependant que partiellement muet. Le premier film entièrement muet que j’ai vu est Foolish Wives (Folies de femmes) d’E. von Stroheim ; j’ai été vraiment bouleversé par la longueur des plans, par l’absence de dialogue et par le langage corporel que cela induisait.


Quels sont les films récents qui vous ont intéressés ?


Je vais très souvent voir des films, des bons et des moins bons. J’ai beaucoup aimé There Will Be Blood de P. T. Anderson. Je suis allé également voir le dernier Batman, mais je suis incapable de dire si cela était bien. Il s’agissait d’un pur divertissement.


Propos recueillis par Anaïs Vincent”


source: http://www.critikat.com/Guy-Maddin.html


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Previewing Guy Maddin's Night Mayor of Winnipeg

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